Le « Canal royal en Languedoc », renommé Canal du Midi par les révolutionnaires, arpente le paysage de l’Hérault, de l’Aude et de la Haute-Garonne depuis la fin du XVIIe siècle. Sous la supervision de Pierre Paul Riquet, il a été conçu pour relier en 241 kilomètres la Méditerranée à la Ville Rose. Il rejoint alors le Canal de Garonne, lui permettant de faire route jusqu’à l’Océan Atlantique, formant le Canal des Deux Mers. Ce petit quelque chose au nom si évocateur je trouve. Le Canal du Midi, c’est la douceur de l’hiver du Sud de la France, la fraicheur sous les arbres l’été, c’est le territoire de mon chien, les promenades avec ma mère, les vignes et les vélos.
Tout au long de son parcours, le Canal du Midi possède d’ingénieux ouvrages d’aménagements : des séries d’écluses, des « ponts-canaux » permettant au Canal de passer au dessus des rivières ou encore des systèmes de passage mobile ou un tunnel. Le Canal du Midi c’est une majestueuse route, avec son chemin de halage et ses beaux platanes… Que l’on distingue depuis la route, depuis le train. Un long ruban vert qui se détache des vignes ou des bosquets, avec des longues courbes qui nous rappellent combien la vie peut être douce et agréable à qui sait prendre le temps…
Depuis quelques temps, c’est aussi devenu un lieu « de massacre ». Les arbres, atteints du chancre coloré, un microscopique champignon, sont systématiquement abattus… Plus de 4200 (ou 7000 selon les sources) arbres ont ainsi disparu et la campagne ne doit pas s’arrêter là, puisque les 42000 arbres du Canal sont désormais concernés… Des solutions alternatives sont recherchées, notamment la mise en place d’un vaccin, mais jusqu’à présent seul l’abattage permet de faire face à l’épidémie, qui se propage par contact entre les arbres. Je ne tiens pas à ouvrir une polémique sur les choix qui ont été faits et je suis bien incapable de porter un jugement scientifique… mais j’ai quand même envie de dire ma colère, ma tristesse.
– je suis parfois étonnée du peu d’intérêt porté à cette histoire. Le Canal du Midi ne fait peut-être pas partie des grands monuments du patrimoine français, il n’en reste pas moins un très bel ouvrage historique, architectural et naturel. Je trouve que ce silence est particulièrement écœurant dans la mesure où énormément d’arbres sont abattus à une vitesse dingue, proportionnellement inverse au temps nécessaire à la recherche et aux tests, aux brevets, aux financements qu’elle engendre. Ma colère est d’autant plus forte que l’abattage concerne tant les arbres malades que les arbres non atteints… Des campagnes de prévention qui restent sans effets, puisque le nombre d’arbres à abattre continue d’accroître au fil des mois…
– je suis encore plus révoltée que la campagne visant à replanter des arbres… est ridicule ! Un arbre replanté pour quatre arbres abattus, en partie sur vos gentils dons… Ils abattent et après, le dimanche, on va vous demander de venir planter des arbres, parce qu’ils n’ont plus ou pas le budget ? Parce qu’ils n’ont pas anticipé qu’un Canal sans arbre, ce n’est ni bon pour le tourisme, ni bon pour les berges et l’écosystème ?
De conflits entre écologistes, scientifiques, riverains, politiciens et économistes, je ne souhaite qu’au Canal du Midi de retrouver de beaux arbres, des familles en vélo, des pique-niqueurs du dimanche et de jolies péniches colorées.